HISTOIRE de la

FAMILLE

JAFFREDO
 

 

 

 

« Toute étude généalogique d'une famille de quelque condition sociale qu'elle soit actuellement, est un enrichissement pour l'histoire même de la société. Car il n'y a pas de vieilles familles et de jeunes familles, celle d'un duc et d'un manoeuvre sont aussi anciennes. Il y a des familles plus ou moins connues, plus ou moins puissantes, mais qui toutes ont contribué à la formation de la nation » 

La généalogie, de Pierre Durye, collection Que sais-je (Presses Universitaires de France)



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1 - Sommaire
 
 

2 - Remerciements et avertissement

3 - Pourquoi et comment j'ai réalisé cette étude.
 
 

4 - Les origines : un ancêtre Wisigoth ?
 
 

5 - Le 19ème siècle : le ou les Alexis 
 
 

6 - La période contemporaine : les témoins et les premières photos
 
 

a - Une famille de meuniers, artistes et sportifs 
 
 

a.a - Le père : Louis

a.b - la mère : Anne 

a.c - Les six enfants
 
 

b - Deux générations au combat : Louis et Jean-Marie pendant la Grande guerre 
 
 

c - Un sonneur et sa descendance 
 
 

c.a - Le père : Jean-Marie 

c.b - la mère : Marie-Anne 

c.c - Les 4 enfants 
 
 

d - Les parisiens de l'après guerre : Louis et ses enfants 
 
 

7 - Annexes :  (A venir)
 
 

a - cartes des principaux lieux familiaux 

b - la ville de Guern 

c - Le rêve de Papa 

d - Les textes lus à l'enterrement de Papa 

e - Le moulin du Ruchec (site internet) 

f - Le moulin de Henven (revue) 

g - Intron Varia Kelven (un chant bien souvent chanté...) 

h - photos diverses 

i - une noce imaginaire sonnée par Jean-Marie 

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2 - Remerciements 
 
 

A mes ancêtres ; 
 
 

« Lorsque je reproduis vos gestes laborieux, 

Le bois à raboter, la bêche dans le champ, 

Le pain épargné et le travail pour l'enfant, 

Je pense encore à vous mes ancêtres les gueux. 
 
 

Je recolle mes semelles si fatiguées 

Et j'éteins la lumière en quittant cette pièce, 

A chaque fois emplis d'amour et de tendresse 

Vous me saisissez la main pour mieux me guider. 
 
 

Je ne vous ai pas tous connus mais, avec moi, 

Souriants et forts, plus nobles que princes ou rois, 

Mieux que mes écoles m'ayant forgées l'esprit, 
 
 

Nulle mort, nulle peur, que la foi et la vie, 

Je vous ressens à me pousser, le coeur joyeux, 

Et marche debout à vos côtés mes aïeuls » 
 
 

Didier Jaffrédo. Nantes, 2004. 
 
 

A mes filles qui m'ont lancé sur la voie des recherches ; 
 
 

A Sylvie qui m'a soutenu alors que je passais mon temps dans mes études ; 
 
 

A ma mère pour tous ses souvenirs ; 
 
 

A Fernand, le cousin de mon père, dont l'exemple m'a donné une impulsion ; 
 
 

A mes petites cousines et cousins de Bretagne : Rozenn, Hélène, Michel, Christine...
 
 

2' - Avertissement
 
 

La plupart de mes notes furent prises pendant les années 1970 à une époque où, adolescent passionné de musique bretonne, je sollicitai ma famille de témoignages musicaux. Conséquence : mon texte est fortement orienté musique et musiciens. Il fait l'impasse sur de nombreuses autres anecdotes familiales. Je regrette aujourd'hui de n'avoir pas élargi mon champ d'investigation à d'autres sujets comme les liens de cousinage entre Marie-Anne et son mari ou le vécu militaire de mes aïeuls pendant la guerre de 14-18. 
 
 

***
 
 


3 - Pourquoi et comment ai-je réalisé cette étude.
 
 

Je n'avais éprouvé jusqu'à une date récente aucune passion pour la généalogie. Je me moquai même de ceux qui s'efforçaient de remonter le temps pour se retrouver un ancêtre extraordinaire. Un prince ou un champion ? Quelle dérision ! 
 
 

Et puis mes filles m'ont demandé des comptes. « Parle-nous de ta famille, nous ne la connaissons pas ! » 
 
 

Pour satisfaire ce commandement je me suis tourné vers le passé et me suis pris au jeu, plus qu'elles - mêmes peut-être. Car un miracle se produisit. Ce grand-père qui m'indifférait se tenait, maintenant (re)découvert devant moi avec sa personnalité, ses souffrances, ses faiblesses, sa vie. Un être renaissait par la puissance de mon évocation. Et l'amour de son petit-fils montait vers lui et toute sa filiation.. Un amour envers tous ceux qui ont contribué, un peu à leur manière et sans doute très profondément, à ce que je suis. 
 
 

Moi qui pensais ne rien connaître je me suis trouvé des richesses au fond de ma mémoire ou sur de vieux cahiers. Ainsi donc ce que m'avait conté mon père, écouté peut-être d'une oreille distraite, n'était pas oublié, mais simplement enfouis et à redécouvrir. Ainsi donc mes recherches sur les musiques en Bretagne, menées pendant mon adolescence dans les années 1970, pouvaient enfin se justifier. 
 
 

Je me suis alors précipité vers nos derniers témoins, ma mère notamment, pour lui poser ces questions si importantes. Et peu à peu, par l'entremise de petits-enfants curieux, d'arrière petit-cousins dévoués, le vaste écheveau s'est déroulé. 
 
 

Les égyptiens de l'Antiquité ne s'étaient pas trompés en affirmant que dire le nom d'un mort était le maintenir en vie, et combien d'assassins se sont efforcés de jeter définitivement dans le néant un mort en martelant le cartouche de son nom pour l'effacer de la mémoire des hommes. 
 
 

Mes aïeuls, je redis vos noms, vous ne serez pas oubliés, dormez en paix. 
 
 

Certes ces études se tournent vers ma famille paternelle et se limitent à sa partie ascendante en ligne directe. Mais j'ambitionne de mener très vite demain une autre étude sur ma branche maternelle Le Jossec/Le Pen. Puisse mes très chers morts patienter.

 
 
  4 - Les origines : un ancêtre Wisigoth ? 
 
 

J'ai longtemps cru que ma famille paternelle était d'origine portugaise. Je me revois encore raconter, à mon premier professeur d'espagnol (surnommée "Pepita" !) qui me demandait à la rentrée des classes si j'étais d'origine espagnole : 

"Non, madame, je suis d'origine portugaise, mais - en pensant quand même à ma famille bretonne je rajoutais - d'origine très lointaine !" 
   

Qui m'avait raconté cette fable ? 

Mon père...
 
Très soucieux de l'histoire de sa famille, il avait dû s'interroger longuement, comme d'autres, sur la dernière lettre de notre nom et trancher sur une origine lusitanienne. Je revois encore à la maison ce livre de la méthode Assimil en vogue dans les années 1960, "le Portugais sans peine", acquis pour l'aider à communiquer avec les ouvriers de son usine. Ce livre dut inspirer inconsciemment ses thèses. Ne lui jetons pas la pierre, pour une fois qu'il n'avait pas imaginé une histoire de noblesse mais une modeste histoire d'ancêtre pêcheur portugais ! 
 
 

Je crois qu'une part de la Vérité peut poindre sous l'éclairage de l'étymologie. 
 
 

Les Jaffré, Jaffredo, Jaffredou, Jaffrelo, Jaffrelot, Jaffrennou, Jaffrenou, Jaffréo, Jaffrézic, Jaffrezo, Jaffrezou, Jaffrin, Jaffro, Jaffron, Jaffrot sont monnaies courantes en Bretagne et plus particulièrement les Jaffrédo dans le Morbihan. Il suffit de se déplacer dans les communes du sud Bretagne et de lire la plaque des monuments aux morts pour s'en convaincre, ces noms sont bien des noms de natifs du coin.(1)
 
 

Jaffrédo est le diminutif de Jaffré lui-même diminutif de Jaffry. C'est le prénom Geoffroy qui serait à l'origine de toutes ces déclinaisons de Jaffré. 
 
 

Un élément intéressant pour notre réflexion repose sur l'origine du nom Geoffroy. 

L'étymologie, encore elle, nous dit que ce nom vient de Gotfrid, un nom germanique (got = du peuple goth ou god = dieu + frid = paix). 
 
 

Une origine teutonne n'aurait rien d'étonnant en soi. On sait que la terre bretonne, comme bien d'autres, a connu sinon l'envahissement direct des hordes de l'Est mais le contact, plus ou moins pacifiques, des celtes, des romains puis des barbares refoulant les romains. 
 
 

L'inconscient paternel n'aurait-il pas joué encore une fois, lorsqu'il envisagea de me prénommer, Wilfrid ? Ce prénom fut abandonné sous la pression de ma mère et devint Didier. Quant à l'origine de mon prénom (du latin "Desiderius", désiré !) vous aurez le choix entre une confirmation de mes origines germaniques, puisque des Saint Didier on en trouve beaucoup dans l'est de la France sinon bretonnes, avec ce Saint Didier évêque de Rennes au 7 ème siècle. 
 
 

Pour nous résumer, je pense que le scénario le plus probable quant à l'origine familiale est le suivant : 
 
 

Entrée des wisigoths d'Aquitaine en Bretagne au Vème siècle. L'un d'entre eux, un certain Gotfrid, fait souche. Les enfants de Gotfrid deviennent Geoffroy au moyen âge. Puis, au fil des années, sous la déformation du parler breton(2), d'écritures successives sur des registres paroissiaux tenus par un clergé analphabète etc., leur nom de famille mute pour devenir le Jaffrédo que nous connaissons aujourd'hui.(3)
 
 

5 - Le 19ème siècle : le ou les Alexis 
 
 

Je possède très peu de renseignements sur mes aïeuls les plus anciens, un ou deux Alexis, respectivement : le père, né entre 1800 et 1810, décédé entre 1870 et 1880 ; et son fils, né, selon mon père, en 1841. 
 
 

Ils habitèrent tous deux le moulin de Stang Du (" Gorge " ou " Vallée Noire " en français, sinon du latin stagnum: étang ou vallon encaissé), un moulin à eau sur le bord de la rivière Sarre, au nord de Melrand et à l'Ouest de Guern. 

Une inscription, sur le linteau de la porte du moulin, nous livre une indication précieuse : " construit, bâti par Alexis Jaffrédo et sa femme, 1832 ". Cette date rend plausible l'existence de deux générations avant celle de Louis Jaffrédo né en 1873. 
 
 

Ce moulin de la commune de Guern, nous le retrouvons encore dans le giron familial avec Denise, la petite fille d'Eugène, née en 1942 et qui y demeure aujourd'hui en 2005. 

Je ne connais pas Denise mais ai connu son grand-père, mon grand-oncle Eugène Jaffrédo (né en 1902), que je me souviens très bien avoir rencontré à l'occasion d'une visite avec Sylvie. 
 
 

" Gorge noire ", Dieu que ce petit moulin méritait bien son nom, niché au fond d'un vallon, difficilement éclairé d'une lumière frileuse ! 

Ma première visite, au temps de mes recherches sur les vieux sonneurs du pays (1976-1977), me révélèrent une Bretagne figée dans le temps. Je revois encore ma grand-tante portant le lait de sa vache et se préparant à baratter son beurre. Je crois sans peine que ce que mes yeux avaient vu alors, les yeux de mon arrière-arrière-arrière-grand père l'auraient contemplé sans surprise. 
 
 

Nous voici dès l'origine au coeur de la spécificité familiale : un meunier d'une petite commune du centre Morbihan. Nuançons nos impressions sur la modestie des lieux. Dans l'économie locale, à cette époque, ce "trou" ne pèse pas pour rien. En 1876 la commune de Guémené sur Scorff, qui donne le ton à tout un pays (le pays pourlet) ne comporte que 1672 habitants recensés, pour 3341 à Guern, 3212 à Melrand, 3886 à Bubry, 2377 à Quistinic(4).
 
 

Alexis Jaffrédo, le deuxième meunier de Stang Du était-il, comme nombre de sa postérité, un musicien ? 

Je ne connais pas la date de sa mort mais elle a du intervenir assez tôt, (entre 1880 et 1890 ?), en tous cas bien avant que ses petits-fils, mes témoins, ne soient en âge de s'en souvenir. Leurs opinions sur ce point musical sont en effet contradictoires. 
 
 Mon grand-oncle Ferdinand Jaffrédo (né en 1914), m'a dit qu'il ne sonnait pas(5) alors qu'Eugène, son frère, affirmait le contraire !(6) Pour compliquer les choses un autre grand-oncle, Louis (né en 1908), me confia avoir entendu dire par son père (Louis) que son grand-père (Alexis) jouait de l'accordéon.(7)Jeannot Jaffrédo, le cousin de mon père, le fils de Louis, qui aurait mené une enquête approfondie sur la famille est encore plus affirmatif : pour lui on a joué avant Alexis du biniou et de la bombarde dans la famille.(8) Ces instruments auraient précédé l'accordéon (9)

Je ne sais quand Alexis se maria et combien d'enfants il eut. Ce que l'histoire de la famille retient en toute certitude c'est la naissance d'un fils, Louis, en 1873, qui sera mon arrière-grand-père. 
 
 


Stang-Du en avril 2004 

La roue du moulin, aujourd'hui disparue, se trouvait sur le pignon gauche de la chaumière. (photo de Fernand Jaffrédo). 
 
 

6 - La période contemporaine : les témoins et les premières photos
 
 

a - Une famille de meuniers, artistes et sportifs: Louis et ses 6 enfants 

Mon arrière grand-père Louis avec sa femme Anne (Anna ?) et 4 de leurs 6 enfants. Mon grand-père Jean-Marie n'est pas sur la photographie.

a.a - Le père : Louis (1873 - 1955) 

Né en 1873 

Marié à Guern le 28 Février 1897 avec Anne Janovet 

Meunier au moulin de Quenecan en Malguénac 

Naissance dans ce moulin de Jean-Marie en 1898 et Jeanne en 1900 

Meunier au moulin de Manéantoux en Bubry (10)

Naissance de Eugène en 1902 

Meunier au moulin de Stang Du 

Naissance dans ce moulin de Louis en 1908 puis Ferdinand en 1914 et Joseph en 1918 

Incorporé pour le front de l'est dans un régiment d'artillerie pendant la Grande Guerre (voir le paragraphe spécial) 

Eugène remplace ses parents à Stang Du en 1930 

Meunier au moulin de Corn-ar-pont en 1930 

Joseph remplace ses parents à Corn-ar-pont en 1950 

Habite pour sa retraite à Pradigo puis à Quistio 

Décédé à Quistio en Guern en Juillet 1955, à l'âge respectable de 83 ans. 

Mort d'Anne Janovet en 1959 à 81 ans. 
 
 

Que nous montre cette chronique très sèche de la vie de mon arrière-grand-père ? 

Un homme consacré au travail de la meunerie pendant une longue vie de labeur, seule coupée par la Grande guerre. 
 
 

J'aurai aimé évoquer son caractère pour l'avoir éprouvé moi-même. Mais il mourut alors que je n'avais qu'un an. 

Tous ceux qui l'ont connu, le cousin de mon père Fernand par exemple, me l'on décrit comme un homme que j'aurai été fier de serrer sur mon coeur. 
 
 

Ecoutons Fernand : 
 
 

« Mon grand-père était un homme calme. Sourd, silencieux, solitaire, il aimait les chats, qu'il appelait « miton ». Il se promenait lentement, appuyé sur sa canne. Je l'ai souvent vu sur son banc, dans l'âtre, épluchant minutieusement les châtaignes ».(11)

Les photos me le montre tel qu'il m'est décrit. Un petit homme simple et droit au regard franc et à la posture modeste auprès de sa femme, bien droite elle aussi (ci-dessous).

Louis et Anne à Corn-ar-pont, en janvier 1940 (Photo Fernand Jaffrédo) 
 
 

Ci-dessus, en Juin 1947 pendant les noces d'or de Louis et Anne à Guern. De gauche à droite Jean-Marie et Marie-Anne mes grands-parents. La petite fille qui fait la moue devant Jean-Marie est peut-être ma cousine Marie-Luce Guyomard, la petite fille blonde doit-être Denise, la fille d'Eugène de Stang-Du, alors âgée de 5 ans. Cette photo est à rapprocher de celle du journal Ouest-France.(12)

Modérons mes propos sur une vie consacrée à la meunerie. Il n'y eu pas que le moulin dans sa vie. Un événement majeur se révèle avec Louis dans la famille Jaffrédo: la musique. 

Mon père m'a légué un vieil album annoté de la main de son père sur une couverture cartonnée : « Jean Marie Jaffrédo. Mes Noces au Biniou et à l'accordéon ». 
 
 

Les pages ont disparu, découpées au rasoir. Sur le verso de la couverture des vieilles traces de colle s'exposent comme témoins de photographies envolées.  

Une seule photo presque décollée reposait comme par miracle dans l'album. 

Elle nous montre un couple de sonneurs. Le biniouer, à moitié effacé, ne peut-être que Jean-Marie, puisqu'il nous l'indique sur son album. 

Il me plait à penser que le talabarder (photo ci-contre) au chapeau crânement posé sur une tête aux cheveux blancs, est Louis au côté de son fils. C'est du moins ce qu'affirment mes notes musicologiques de 1970, certainement nées de l'enseignement de mon père et confortées aujourd'hui par la lecture de l'article de Ouest-France relatant les noces d'or en 1947 de Louis et Anne : « Notons que le brave père Jaffrédo jouait aussi dans son jeune temps de la bombarde ». J'ai d'ailleurs retrouvé un article de Ouest-Eclair daté du 12/08/1921 qui nous le pérsente comme joueur de biniou au côté de son fils Eugène joueur de bombarde (13)

Louis ne jouait pas que de la bombarde mais également, comme ses fils, du biniou et de l'accordéon. 
 
 Au biniou il accompagnait volontiers son fils Eugène qui jouait de la bombarde lorsqu'il n'accompagnait pas à la bombarde son fils Jean-Marie sonnant du biniou comme je viens de l'évoquer plus haut.

Un article de Ouest-Eclair daté du 18/08/1939 font état d'un concours de bombardes et biniou à Melrand. Les frères Jaffrédo de Guern (mon grand-père et Eugène je pense) arrivent second derrière le couple Tanguy - Le Gourrierec de Melrand. Les mauvaises languent m'ont dit que le 1er prix s'expliquait par l'âge avancé de Tanguy (87 ans) qu'il s'agissait d'honorer !...  

Biniou, bombarde, à l'accordéon aussi, cet instrument peut-être déjà joué par son père Alexis mais bien avéré pour le fils, avec cette anecdote savoureuse que m'a conté Louis de Ker-Boërs.(14)

" A l'occasion d'un mariage, mon père obtint l'autorisation du curé de l'église de Guern de jouer derrière l'autel, pour remplacer l'harmonium défaillant ! "
 
 

Le caractère musicien (15) de cette famille de meuniers semble bien affirmé avec Louis, mon arrière-grand-père. Il sera pleinement développé, et avec quel panache, par ses six enfants, fils et fille. Ses fils qui sauront ajouter, au blason des Jaffrédo, une médaille supplémentaire, celle du cyclisme sportif. 
 
 

J'aurai longuement l'occasion d'évoquer les enfants de Louis, ceux que j'appelle mes grand-oncles. Mais je voudrai rendre hommage en quittant mon arrière-grand-père à celle qui fut, d'après tous ses témoins, une grande dame, la femme de Louis, mon arrière-grand-mère : Anne Janovet. 
 
 

a.b - la mère : Anne (1877 - 1959) 
 
 
   

Son père, Yann Janovet, était organiste à Quelven (encore un musicien !)(16) et mes notes me disent qu'Anne jouait de l'accordéon diatonique. 
 
 

Une lettre de mon père me décrit une dame qu'il aurait été vraiment intéressant de mieux connaître. Ecoutons-le : 
 
 

"Lorsque j'étais adolescent j'aurais voulu connaître l'origine de notre famille. Je suis heureux que tu le fasses à ma place. Mais jamais (17), et c'est bien dommage, tu ne retrouveras l'ambiance que j'ai vécue, c'est-à-dire, on sentait que les Jaffrédo avaient quelque chose de noble par rapport aux paysans. Surtout ma grand-mère paternelle, c'était un personnage. Sage femme etc..." 
 
 

Dommage que cette lettre s'arrête sur cet etc...Elle nous dévoile donc une forte femme occupant un statut social important à cette époque vide de médecin : celui de sage femme.
 
 

Ce sentiment du caractère exceptionnel de la femme (qui se lit sans doute sur ce visage énergique que nous présentent ses photos) s'exprime lui aussi dans ces remarques du cousin de mon père, Fernand.(18) 

"Anne, ma grand-mère, était d'un dynamisme hors du commun. On m'a dit qu'elle fit Guern - Lorient à pied...(environ quarante kilomètres à vol d'oiseau !)(19)...sans doute en 1914, quand son mari fut mobilisé...

Elle allait régulièrement à Pontivy, toujours à pied...12 kilomètres seulement ! J'ai vécu souvent avec elle. Elle filait la laine au rouet, avec sa voisine...Elle est née à Kersalous, hameau situé à deux kilomètres à l'Est du Bourg de Guern, dans une famille de laboureurs. 

Comme je regrette mon manque de curiosité de l'époque !...J'aurais dû l'interroger, cette chère grand-mère...sur sa famille, ses grands-parents, ses frères et soeurs..." 

En 1942, à Corn-er-Pont, Anne et Marguerite Le Cunff, son amie et voisine. (Photo Fernand Jaffrédo)(20)

a.c - Les six enfants 
 
 
 
 

Jean-Marie (1898 - 1949) dit Cabidan 
 
 
 

Jean-Marie

Ayant choisi d'étudier ma branche ascendante plutôt que latérale, je consacrerai toute une partie spécifique à mon grand-père Jean-Marie, "meunier à St Barthélémy et joueur de biniou"(21) Voir plus loin "c - un sonneur et sa descendance". 
 
 

La photo ci-contre le présente au côté du parrain de ma mère Angèle Le Jossec(22) , fin des années 40, certainement peu de temps avant sa mort. Cette photo est à rapprocher de celle prise pour la noce des Rohan en 1927 ou 1928 (voir plus loin) 
 
 

Evoquons ici mes grand-oncles et tante en insistant sur leurs caractères les plus marquants telle leur passion pour la musique ou le cyclisme. 


 
 
 

Jeanne (1900 - 1953 ?) 
 
 
 
  

Sa photo nous présente une petite femme toute rondelette et souriante. (Photo datée de Juin 1947, prise à l'occasion des noces d'or de ses parents) 
   

Je sais que mon père l'aimait beaucoup mais j'ai peu d'anecdote sur son compte. L'article du journal de Ouest-France précité nous en dit plus : 

"Jeannette, mariée à Pol-Louès-Duguet (Paul-Louis Dugué), tient une boulangerie à St-Nicolas-des-Eaux : 

elle aussi connaît les notes de l'accordéon et la bombarde".(23) De nombreuses sources familiales (ainsi mon père et ma mère) me confirment cette pratique musicale, assez extraordinaire à cette époque et dans cette campagne. 
 
 

Eugène (1902 - 1985 ) dit Eugène de Stang-Du 


 

Eugène en 1947 

Brieg et moi à Audierne en Juillet 1976.

Troisième des six enfants de mon arrière-grand-père j'ai bien connu Eugène et sa femme, meunier au Moulin de Stang-Du à Guern. En l'absence de mon grand-père Eugène était le sonneur de référence dans la famille, celui qui avait joué le plus longtemps de la bombarde. Je me devais de bien le fréquenter, le questionner. Une de mes plus grandes joies d'adolescent a été de sonner devant lui et de ressentir concrètement un lien, un relais, entre génération. (Photo ci-dessous : avec mon ami Brieg, quelque temps après cette entrevue, nous sonnons à Audierne.) 

C'est son père, Louis Jaffrédo (mort en 1955), qui lui avait appris à jouer de la bombarde. Le père et le fils ont fait des noces ensembles : le fils à la bombarde et le père au biniou. Eugène se souvient encore de noces ayant durées trois jours et de sa grande fatigue comme sonneur. 

Le travail au moulin primant tout il laissera son instrument vers 40 ans, à la différence de son frère Jean-Marie, "beaucoup plus acharné aux noces que moi-même"(24)
 
 

Eugène possédait deux bombardes fabriquées par Danvic à Saint Adrien. Une de ces bombardes a été donnée à son fils Eugène qui habitait en 1977 (25), Pradigo en Guern. Je me souviens encore avoir tenu entre mes mains cette bombarde qui sonna tant de noces avec mon grand-père...
 

Extrait du « Nouvelliste du Morbihan » du 9 septembre 1921. Eugène et son père Louis animent une fête locale à Guern.
 

Eugène ne s'intéressait pas qu'à la musique des anciens, à la bombarde ou au biniou. C'est lui qui est à l'origine de l'introduction du premier "jazz band" du pays. Ses frères et lui étaient tombés en admiration devant un "jazz band" à Bubry, mené par un accordéoniste chromaticien, un ancien parisien revenu au pays. Le lendemain (26) Jean-Marie (mon grand-père) et Eugène décident d'acheter un "jazz". Ils écrivent à Robert Savouret, le mari de leur cousine Hélène Jaffrédo, qui habite Paris. Eugène part seul. C'est son premier voyage dans la capitale. Il s'y fait traiter de "plouk" et traumatisé restera cloîtré dans sa chambre les 3 ou 4 jours de son escapade ! Robert achète seul le "jazz", c'est-à-dire une batterie complète, dans un magasin de la rue Bonne Nouvelle. Il ramènera l'instrument en Bretagne et montera avec ses frères le premier "jazz band" du coin, le "Stang Du Jazz Band" ! (voir Ferdinand plus loin). 
 
 

Louis (1908 - 1989) dit Louis de Ker-Boërs 


 

Louis en Août 1980

J'ai très bien connu ce grand-oncle que, plus qu'un autre, nous apprécions Sylvie et moi. Retraité de la RATP à Paris, il habitait avec sa femme Félicité une belle petite maison à Kerboërs en Pluméliau. L'accueil des anciens était merveilleux : je me souviens du goût de leur cidre maison, frais et mousseux à souhait, dégusté à l'ombre de leur tonnelle. Je réentends l'accent goailleur, mi-breton mi-titi parisien de mon oncle et l'inflexion de la douce voix chantante de ma grand-tante. 

Pourtant la vie n'avait pas épargnée ce couple au travers de leurs enfants et petits enfants. Un fils mal marié avec la fille d'un grand professeur de médecine, ce fils qui divorcera et ira refaire sa vie en Guadeloupe, également une petite fille agressée et à la vie brisée...

Louis et Félicité eurent deux fils : Jeannot (Jean) et Fernand, qui firent de belles études "pour leur temps" comme on le dit (ingénieur des travaux publics pour l'un et haut fonctionnaire de l'état pour l'autre). 

Ces deux fils menèrent des recherches généalogiques. Jeannot ne m'a jamais répondu et je remercie encore Fernand pour son aide précieuse. 
 
 

A la différence de ses frères et soeurs Louis n'est pas resté au pays. Il partit travailler à Paris et je me souviens enfant l'avoir rencontrés lui et sa femme dans leur petit appartement de Belleville, avec ses deux fils. 
 
 

Louis avait, tout comme ses frères, appris à jouer de l'accordéon. En rentrant en Bretagne, il a redécouvert son vieil accordéon tout pourri par l'humidité et a fini par le jeter.(27) 
 
 

Ferdinand (1914 - 1988) 


 

Ferdinand en 1936

Avant-dernier des frères de mon grand-père Jean-Marie, mes notes me disent que je l'ai rencontré le 8 septembre 1977, à Kerjalot en Pontivy. Autant qu'il m'en souvienne je le revois comme un homme corpulent, à la physionomie proche de son petit-neveux Michel Jaffrédo (fils de Jobic)(28) Né en Bretagne en 1914 il parti travailler à Paris en 1928. On a du mal à imaginer la vie des enfants de cette époque, mais quitter son foyer pour affronter tout seul la grande métropole à l'âge de 14 ans, quelle épreuve ! 

Il revient au pays en 1935, s'y maria, eut un enfant (Ferdinand dit Ferdi, né en 1940) puis parti à la guerre. Il fut fait prisonnier pendant toute la durée du conflit. 

Il connu en Allemagne une jeune allemande et lui fit, ce qu'on appela chez nous, un bâtard (Hans Joachim Vogel). 

Fernand se maria et se remaria maintes fois(29). Il devint cuisinier, métier qu'il exerça comme chef de la cantine du lycée de Pontivy où travaillait mon parrain Hilaire Le Jossec comme concierge. Il eut une fin de vie assez misérable avec l'amputation de ses jambes gangrenées par le diabète. Triste épilogue pour un champion cycliste ! (voir plus loin) 
 
 

Les anecdotes de son existence tournent autour de trois points. Sa vie sentimentale, la musique et le vélo. 
 
 

La musique est une passion sans surprise pour un Jaffrédo. Il avait appris l'accordéon et tout jeune il monta avec ses frères Eugène (également à l'accordéon) et Louis (à la batterie) le premier Jazz Band du pays. Le groupe s'appelait "Stang-Du Jazz Band" et c'est l'instituteur de Bieuzy, Jean Geldro, qui écrivit proprement ce nom sur la grosse caisse. C'est son frère Eugène qui avait acheté à Paris, avec Robert Savouret, le mari de leur cousine Hélène, la batterie, la première grosse caisse du pays. En 2 ou 3 bals ils avaient payé l'instrument. 
 
 

Ferdinand est davantage connu pour sa deuxième passion, les courses cyclistes. Dans ce domaine c'est Ferdinand qui fut le grand champion de la famille. (Je me souviens d'une réflexion familiale me disant qu'il avait battu le grand Robic !) 
 
 

Plusieurs articles du journal "l'Ouest Eclair" lui furent consacrés avant guerre. Ci-dessous des extraits d'une coupure de presse de 1937 conservée dans la famille par son neveu Fernand, un autre champion de la petite reine.(30)

"Ferdinand Jaffrédo gagne la "pascale" du Vélo Sport Lorientais. Le vainqueur s'était échappé dès le début en compagnie de son frère Joseph...

Les records des partants et de la vitesse ont été battus (...) Le vainqueur a parcouru les 75 km de l'épreuve en 33 kms 600. (...) Les derniers venus sont les frères Jaffrédo de Guern, mais, comme dans l'Evangile, les derniers seront les premiers...comme vous le verrez tout à l'heure. (...) c'est Joseph Jaffrédo qui s'en va cueillir une prime de passage à Hennebont.(...) Nous remarquerons le style souple et puissant de Ferdinand Jaffrédo (...) Désormais assurés de leur victoire les frères Jaffrédo grimpent ensemble la côte de Soye.(...) 

Dans l'avenue de la Marne, devant une foule énorme mais magnifiquement canalisée, Ferdinand Jaffrédo sprinte avec facilité, d'un air de vous dire qu'il irait ainsi jusqu'au bout du monde (...) Joseph jaffrédo paraît satisfait de finir troisième d'un lot relevé.(...) Le Vélo Sport Lorientais a remporté là une très belle victoire. Son champion routier, Ferdinand Jaffrédo a produit grosse impression." 
 
 

Joseph (1918 - 1970) dit Jobic de Kor-ar-Pont 
 
  

Jobic en 1947

J'ai bien connu Jobic Jaffrédo, le père de mes grands cousins Josiane et Michel. Mes souvenirs les plus lointains me le montrent animant une petite fête locale en jouant de l'accordéon sur une scène aménagée devant son moulin de Korn Ar Pont. Drôle d'atmosphère que Korn Ar Pont : mélange de misère et de beauté. J'avais l'impression de remonter le temps en trouvant des gens, des objets, un lieu et une musique d'une autre vie. 

Si mon grand-père Jean-Marie était LE sonneur de biniou de la famille, Jobic était considéré comme L'accordéoniste. 

"Tout le monde jouait de l'accordéon dans la famille. Mais Jobic jouait le mieux."(31) 

Jobic (petit Joseph), comme son surnom l'indique, était le petit dernier de la famille Jaffrédo. Il était boulanger(32) et habitait un moulin celui de Korn-Ar-Pont en Guern. La pauvreté était au rendez-vous...Cette impression de vivre un remake des Misérables était accentué par le regard de mon grand-oncle qui mal soigné dans cette campagne des années 1920 louchait épouvantablement. 
  

Pour rester dans le registre des romans populaires je citerai cette anecdote la plus célèbre. 

Jobic va découvrir le jour de ses noces que l'enfant (Raymond Jaffrédo ?) que porte sa femme n'est pas de lui. De colère Joseph arrache son alliance et la jette dans l'étang du moulin. 

J'ai bien connu sa femme, ma tante Célestine Le Moulliec (décédée en 2003), une femme douce et effacée, qui, me dit-on, a expié toute sa vie une erreur de jeunesse. 
 
 

Une autre anecdote, relatée par Fernand, est particulièrement révélatrice de son fort caractère (34) "Jobic comme ses frères n'avait pas un caractère facile ! Lors d'un bal, interpellé par un danseur qui lui réclamait telle ou telle valse, en insistant trop, je l'ai vu poser son accordéon, descendre de l'estrade, et décrocher un coup de poing définitif à l'importun !..." 
 
 Jobic par contre, comme nous l'indique l'article de presse sur la course cycliste (voir Ferdinand), était moins doué que son frère aîné dans le sport cyclisme. Il nous faudra attendre la génération suivante avec ses neveux (mon oncle Eugène de Baud, les cousins de mon père Fernand et Jeannot de Paris), pour voir relevé le flambeau. 
 
 

Mes derniers contacts avec Korn-Ar-Pont datent de 1995, à l'occasion d'une visite de courtoisie chez ma tante Célestine, qui habita le moulin jusqu'à son décès le 1er décembre 2003. 
 
 

Korn-Ar-Pont, qui a été transformé en cabaret-pub, appartient au fils de Jobic, mon cousin germain Michel Jaffrédo, avec lequel je corresponds régulièrement. 
 
 
 
 

b - Deux générations au combat : Louis et Jean-Marie pendant la Grande guerre 
 
 


Jean-Marie à 18 ans en 1916. 

c - Un sonneur et sa descendance : Jean-Marie et ses 4 enfants 
 
 

c.a - Le père : Jean -Marie 
 
 

Jean-Marie Jaffrédo dit "Cabidan"(35) (1898 - 1949) 
 
 

Je n'ai pas connu mon grand-père paternel. Je ne connais de lui que l'image portée par son fils, un mélange de crainte et d'admiration. Crainte, envers ce père parfois brutal et autoritaire (36); admiration, pour ce père artiste dans un monde frustre, lumière de gauche dans un monde clérical réactionnaire. 
 
 

Cette représentation n'ayant jamais correspondu à mon idéal de grand-père, ce n'est qu'avec une oreille distraite que j'écoutai les confidences de mon père. Aujourd'hui, en évoquant sa mémoire, je me prends à l'aimer davantage. 
 
 

D'après le cousin de mon père, Fernand Jaffrédo, Jean-Marie serait né à Malguénac, j'imagine dans le moulin de Quénécan tenus par ses parents. 
 
 

Jean-Marie était l'aîné d'une fratrie composée de cinq garçons et d'une fille. J'ai bien connu les quatre derniers enfants : Eugène dans son moulin de Stang Du, Louis à Kerboër, Ferdinand à Pontivy et Joseph (Jobic) dans son moulin de Korn Ar Pont. 
 
 

Comme on le verra avec l'évocation de sa femme, ma grand-mère, dont le patronyme était également Jaffrédo, il y avait dans la région un sacré tas de Jaffrédo et il fallait bien s'y retrouver ! Ainsi distinguait-on les Jaffrédo par leur localisation géographique tels les "Jaffrédo Stang Du" des Jaffrédo de Tallené etc... Peut-être appelait-on mon grand-père Jean-Marie de Roffol ? 
 
 

Jean-Marie suivit, comme nombre des membres de sa famille, le métier de meunier, en louant successivement plusieurs moulins. Ma mémoire n'en a retenu que deux. Le "moulin rose" ou "de rose" à Melrand (jusqu'en 1932, l'âge des 5 ans de mon père) et, enfin, en toute certitude son dernier moulin celui de Roffol à Saint Barthélémy. 

Ci-dessus Le Moulin Rose, aujourd'hui. Photo crédit http://patrimoine.region-bretagne.fr

Ce moulin fut construit en 1844 au bord de la sarre, près de Melrand. On retrouve un article de Ouest-Eclair daté du 15/11/1926 qui nous dit "Les gendarmes de Bubry ont surpris en flagrant délit le cultivateur Joseph Le Strat, de Talhoch (à l'ouest du bourg de Melrand) et Jean-Marie Jaffrédo, du Moulin du Rose, qui pêchaient la nuit à l'aide d'engins prohibés". Jean-Marie y vivant en 1926, mon père étant né en 1927, on peut imaginer qu'il s'agit bien de son lieu de naissance.
 
 

Marie-Anne et Jean-Marie eurent 4 enfants : 2 filles et 2 garçons, mon père étant le dernier. Une photo datée de 1934, conservée par la famille de Fernand, nous montre la petite famille (sauf Thérèse). Voir plus loin dans la partie consacrée à mon père Louis Jaffrédo, son plus jeune fils. 
 
 

Mais j'aime particulièrement la photo suivante qui les voit souriant, heureux de vivre. 


 
  Jean-Marie avec sa femme Marie-Anne, une dame inconnue et mon père Louis adolescent 
 
 

La grande passion de Jean-Marie, qu'il partageait avec bien d'autres Jaffrédo, était la musique (37). Je possède encore des photos de cette passion, où on le voit jouant du biniou (instrument hélas vendu). Cette activité lui permettait d'arrondir ses fins de mois tout en mettant en valeur, auprès des villageois, son ego. 


 
 

La Grande Guerre le mobilisa comme tant d'autres français. N'ayant que 16 ans en 1914 il fut très certainement appelé dans les dernières classes (en 1916, à l'âge de 18 ans d'après Fernand). Mon père m'a raconté que les deux Jaffrédo, père et fils, furent envoyés dans le même régiment. L'anecdote, si elle est vraie, est belle. 
 
 

Jean-Marie, fut gazé pendant cette horrible guerre et cet événement contribuera à accélérer sa fin de vie.(38) Je n'ai jamais compris comment avec ses poumons atteints il put par la suite souffler dans son biniou ! Des confidences paternelles me font plutôt donner comme explication de son décès précoce (une tuberculose ?) les excès d'une vie débridée. Je me souviens très bien de cette anecdote d'un grand-père ivre mort, revenant d'une noce animée au biniou, passant sa nuit dans un fossé empli d'eau. 
 
 

Je l'ai dit mon père admirait son père. Relisons ses quelques lignes d'une de ses lettres : 
"Mon père sollicité de partout et toujours vêtu(39)à 4 épingles. Cravate papillon à chaque noce. Sans contestation il avait une supériorité de classe, c'était aussi un pur communiste ; de cela je tiens de lui, et c'est pourquoi je défends ces principes."(40) 

D'autres notes, mémoire des récits de mon père, me disent : 


"Mon père a été félicité par Monseigneur Bellec l'évêque de Vannes après avoir sonné pour la réfection des églises de St Barthélémy." 
 
 

"Lorsqu'il est mort plus de 400 services ont été célébrés, alors que la commune ne comptait que 800 foyers". 
 
 

Il est vrai que mon grand-père était très célèbre dans le pays. Un article du journaliste de Ouest France, relatant les noces d'or de Louis et d'Anne, y fait encore référence, 20 ans plus tard, en ces termes : 

"L'aîné, Jean-Marie, ce fameux joueur de bombarde entraînait les danseurs au mariage de l'une des filles de Mme la Comtesse de Rohan à Josselin en 1937" Il s'agit en fait d'une erreur les deux sonneurs du célèbre mariage étant Bénoni Priol et J Le Strat (ce dernier ayant à l'occasion, semble-t-il, sonné avec Jean-Marie). Comme quoi la légende...


 
 Deux ans après sa mort un autre article, relatant le mariage de mes parents à Pluméliau en 1951, évoquait sa disparition en ces termes : 
   

"le mariage (...) avec M. Louis Jaffrédo, l'un des enfants d'une belle-famille, celle de Mme et du regretté Jean-Marie Jaffrédo, le célèbre joueur de biniou, décédé il y a deux ans à St Barthélémy." 

c.b - La mère : Marie-Anne 
 
   
 

Jean-Marie épousa en Marie-Anne Jaffrédo, une de ses petites cousines (cousine germaine issue de cousins germains). Je l'ai bien connu et apprécié, cette grand-mère : petite femme douce et effacée, fille et petite fille de meuniers tout comme lui. 
 
 

Mémé au mariage de son fils, mon père, en 1951 


Ma grand-mère paternelle est morte lorsque j'avais 10/12 ans. Je me souviens très bien d'elle. Elle passait sa retraite, jusqu'à sa mort en..., chez sa fille ma tante Aimée à Baud. Je la revois encore dans sa chambre aménagée au rez de chaussée du pavillon des Guyomart. Petite femme souriante, douce et effacée, vêtue de noir comme bien des femmes de son temps et de sa condition. Je me souviens de sa voix au fort accent breton. J'entends encore son souffle irrégulier et sifflant. Ses rides, ses yeux clairs aux coins ourlés de blanc. Une maladie de coeur l'emportera. 
 
 

Mon père était très attaché à sa mère, qui plus qu'un père au coeur dur, savait le câliner. "Quand un bouton de mon vieil accordéon tombait ma mère le remplaçait par un bouton de culotte" ! 
Je me souviens surtout des larmes de mon père lorsqu'il appris le décès de celle qui l'avait tant aimé. Ces larmes représentaient le poids du chagrin mais également d'une culpabilité. Mes petites oreilles de gamin avaient cru comprendre le souhait de Mémé de venir habiter chez nous plutôt qu'au fond du sous-sol aménagé dans le pavillon d'une fille aigrie, ou à proximité d'un autre fils (Eugène) trop accaparé par son métier de boucher pour s'occuper de sa propre mère. 
 
 

Mais comment l'accueillir dans notre petit appartement du 30 de la rue Cambronne à Paris ? (aujourd'hui démoli). 
 
 

J'ai retrouvé une lettre de mon père répondant à mes éternelles questions sur les musiciens de notre famille. Je la retranscris telle quelle. 
" Je te rappelle que si ma mère ne jouait pas d'instrument, elle était toujours très recherchée par les meilleurs danseurs bretons, et de ce fait remportait toujours (43) les premiers prix de danse (lors de concours), noces, Kermesses ou Fest Noz. Ceux de Kerboërs te le confirmeront.  De plus elle avait la réputation d'être la plus avenante de la région, sinon la plus belle...Elle aussi est née Jaffrédo." 
   

Femme effacée, au regard de son mari, Marianne ne laissera pas une grande trace dans la mémoire collective. 

Et pourtant, en l'imaginant tenir le moulin et sa progéniture pendant que son mari sonnait la noce, ma tendresse se tourne vers elle. 
 
 

Il me faudrait faire tout un ouvrage sur cette branche de la famille, et peut-être le ferai-je un jour, lorsque j'aurai épuisé ma branche paternelle ascendante. Pour lors, simplement en sollicitant ma mémoire et quelques petites cousines qui ont correspondus avec moi, je livre quelques informations pour mes lecteurs. 
 
 

Marie-Anne avait un frère (44) Louis qui avait épousé en 1932 celle que nous appelions "Tante Fine" (sa femme Joséphine née en 1911 et morte en 1997). J'ai très bien connu cette femme (née Hamon de Berné), mère de quatre fils (Joseph, Jean, Louis et Patrick), qui habitait encore, au côté de ses fils, son moulin à Saint Caradec Trégomel en Croisty, le moulin du Ruchec. Son plus jeune fils, Patrick, avait l'âge de ma soeur et je me souviens l'avoir rencontré en 1961 lors du mariage de son frère Jean au moulin du Ruchec, toujours fonctionnel. Ce cousin avait élevé un renard sauvage qu'il tenait au bout d'une chaîne dans un terrier. Quel souvenir pour un petit parisien ! 
 
 

Ce moulin existe toujours et a été transformé dans un premier temps en base de loisirs pour touristes avec sur les deux vastes étangs attractions de pêche et pédalos ! Hélas cette magnifique propriété a été vendue à des anglais en 2002 qui l'ont transformé en gîte pour pêcheurs. On trouvera en annexe une courte description de Milin Ruchec extrait du site internet des propriétaires actuels. Je vous livre ci-après une vue du Ruchec tel qu'il se présente aujourd'hui en 2005. Le vieux moulin est masqué par le bâtiment au premier plan.(45)

L'implantation à St Caradec de cette branche familiale est récente. Louis, le mari de Tante Fine, s'y était installé après avoir été employé dans un moulin près de Pontivy.(46) Cette information est importante puisqu'elle nous renvoie vers l'est, donc, pourquoi pas dans la vallée de la Sarre, dans un moulin où serait née, selon mon père, ma grand-mère Marie-Anne ou sa propre mère.(47) 

Le moulin d'Henven en 1978


Le moulin de Henven a une très forte personnalité, une vieille histoire. C'est presque un château puisqu'il aurait été construit pour une bâtarde d'Henri IV ! (48) Un blason sur l'une des pierres du bâtiment porte la date de 1621 et une autre pierre, au-dessus de la porte d'entrée de l'écurie, est gravée à la date de 1661. Ce moulin a été racheté par une famille d'artistes en 1963 à son dernier propriétaire qui n'était, hélas, déjà plus un Jaffrédo. 
 
 

La fratrie des Jaffrédo du Ruchec s'était associée pour monter une entreprise d'élevage de poulets en batterie. Cette entreprise élaborait elle-même la nourriture des volailles qui devait s'appeler, pour autant qu'il m'en souvienne : "Mad Gwen" (bonne nourriture en français !) 

Les frères avaient construit, pour eux d'abord, leur mère et quelques-uns uns de leurs employés je crois bien, tout un village sur les hauteurs surplombant le moulin. Ce village avait pris un nom "La Rose des Vents". 

Je ne sais trop ce qu'est devenue cette entreprise familiale. 
 
 

c.c - les enfants 
 
 

Thérèse 
 
 
 

Thérèse au côté de son mari en 1947

Cette soeur, l'aimée des enfants, épousa un gendarme (Jean Normand) qu'elle suivit dans nos colonies (Madagascar, Algérie...) En glissant sur une flaque d'huile répandue sur le sol d'un magasin de la ville d'Oran en Algérie, elle se fracassa le crâne et décéda prématurément à l'âge de 39 ans. 
   

Elle laissa deux orphelines, mes cousines Christine et Dominique, sensiblement du même âge que ma soeur et moi. 


 

Aimée (1921 - 1975) 
 
 
 

Aimée en 1947

En épousant Mathurin Guyomard un boucher de Saint Barthélémy, Aimée contracta une "mésalliance" selon les termes de mon père qui ne comprit jamais l'union de sa soeur "la plus belle fille du canton avec un gros lard" (!!) 
   

Mathurin céda sa boutique pour se faire construire un pavillon à Baud, près du frère d'Aimée, et quitta le métier de boucher, somme toute lucratif, pour le travail de manoeuvre. 

Ce choix ne fut pas du plus judicieux et contribuera, avec les difficultés financières subséquentes du couple, à l'alcoolisme du mari et l'aigrissement du caractère d'Aimée. Deux enfants naquirent de cette union, mes cousins plus âgés que moi Marie-Luce et Christian. 
 
 

Eugène (1925 - 1973) 
 
 
 

Eugène en 1947

J'aimai beaucoup ce tonton dynamique, avenant et drôle. Après une vie de "noceur" il épousa ma marraine, Annette. Le couple me reçut maintes fois chez lui, à Baud, où il tenait une boucherie à l'entrée du bourg. De nombreux souvenirs me rattachent à leurs trois enfants (49) ces cousins que je retrouvais chaque été : Jacky (50) , à peine plus âgé que moi et qui se maria à 18 ans, Patrice et Isabelle, tous deux plus jeunes que moi. Je crois que cet oncle m'aimait bien. Je me souviendrai toujours de ces tournées dans la campagne, dans sa camionnette rouge, pour livrer les paysans. 

Combien de tranches d'andouilles de Guémené me régala-t-il entre deux clients ! (51)...J'aime beaucoup cette photo de lui qui nous le montre faisant le clown avec une de ses vaches ! (ci-dessous) 



Eugène s'inscrit pleinement dans la tradition familiale comme musicien (il jouait du saxophone) mais surtout comme cycliste (il remporta de nombreux prix et fut, au même titre que son oncle Ferdinand, un vrai champion). 
 
 

Il avait le sens inné du commerce et sa vie ne fut, jusqu'à sa fin brutale causée par un accident cardio-vasculaire, qu'une succession d'enrichissements.(52) 
 
 

Louis (1927 - 1996) mon père. Voir le paragraphe suivant qui lui est consacré. 
 
 

d - Un parisien de l'après guerre : Louis et ses enfants 
 
 
 
 

Louis Jaffrédo, surnommé Lili par ses amis et sa famille. 
 
 

Né à Melrand (56) en 1927, le dernier-né d'une famille de 4 enfants, sa vie se découpe en deux volets : sa jeunesse en Bretagne (1927 - 1950 ?), sa vie à Paris (1950 - 1996). 
 
 

d.a - Sa jeunesse en Bretagne 
 
 
 
 

Louis aurait connu trois moulins successivement exploités par ses parents. Ainsi celui du "Moulin Rose" en Melrand.(53) évoqué plus avant et le plus important, le dernier, celui de l'adolescence le "moulin du Roffol".(54)

Le moulin du Roffol

Ce moulin se trouvait sur la commune de Saint Barthélémy, au bord du ruisseau du Roffol, à 250 m au sud du hameau de Talnay. Talnay est un lieu important dans l'histoire de la famille : c'est là que Louis perdit son doigt dans un accident de travail, c'est là que Marie-Anne Jaffrédo, la mère de Louis, passa les premiers temps de sa retraite avant de s'installer chez sa fille Aimée à Baud. C'est également dans ce village que mes parents passèrent leur première nuit de noces. 
 

Je me suis rendu à Roffol avec mon père il y a bien longtemps, à une époque où on pouvait encore discerner bien des choses, mais aujourd'hui, en 2004, il ne reste plus que quelques pierres du moulin (55) . A peine un point sur une carte au bout d'un chemin. L'étang où le petit Lili péchait ses grenouilles a disparu. La maison où le chat affamé venait voler le beurre n'est plus. L'écurie de la jument "Catchet" (56) souvenir envolé. 
 
 

Le seul document qui nous permette de fixer nos idées est une vieille photo repeinte (ci-dessus). On y distingue nettement les deux maisons. Celle de gauche, au bord de l'étang, très certainement le moulin, celle de droite l'écurie. Un grand plan d'eau, de grands arbres. Devant la photo deux dames : une "parisienne" en costume de citadine, une autre en costume régional. La première est vraisemblablement sa cousine Hélène Jaffrédo épouse Savouret (57) , la dame coiffée est ma grand-mère Marie-Anne, la mère de Louis. 
 
 

La photographie de Roffol que j'apprécie le plus est celle où on voit Lili enfant, à l'âge de 7 ans (ci-dessous).


 
1934, Louis Jaffrédo, mon père, dit "Lily" avec ses parents devant la roue de leur moulin de Roffol. Il est à droite, son frère Eugène à gauche et sa soeur Aimée au côté de sa mère Marie-Anne et de son père Jean-Marie 
 
 

Les principaux souvenirs qui se rattachent à cette période et qui me furent confiés par mon père, tournent autour de sa pauvreté et de la faim quotidienne. (58) 

Mes notes, prises à l'occasion de mes recherches sur les musiciens de la famille, me montrent un petit garçons de 12 ans jouant de l'accordéon chromatique sur un instrument à 3 rangées. (Vieil accordéon du Jaz Band de Stang Du qui n'avait plus d'utilité). Il s'essaya par la suite à un autre accordéon à touches de piano. Peut-être aurai-je connu un père musicien sans l'accident de sa main ?...
 
 

Sur ce traumatisme mon père parlait peu. Il s'arrangeait toujours pour cacher sa main et je me souviens avoir noté la disparition de son annulaire droit (si mes souvenirs sont bons) que très tardivement. 
 
 

Les circonstances de ce drame il me les conta à ma demande. 

C'est en aidant à décharger des sacs de grains d'une charrette que l'accident survint. La main de papa se trouva coincée entre le mur du moulin et la voiture, et réapparut avec un doigt pendouillant par un bout de peau ! A cette époque de grande rudesse, point d'attendrissement et encore moins de médecin. Un paysan se chargea de terminer le travail, d'un coup de couteau. Je vous laisse imaginer la souffrance du jeune Lily, au mieux âgé de 12/14 ans. 
 
 

Malgré cette main amputée, Louis apprendra le métier de coiffeur, qu'il exercera à Baud, pour autant qu'il m'en souvienne, pendant la guerre de 39-45. 
 
 
 
 

d.a - Sa vie à Paris 
 
 
 
 

Louis abandonne assez vite son premier métier qui ne le passionne guère. Il m'a avoué que le contact des "paysans puants aux cheveux mal lavés" le dégoûtait à l'extrême. Il monte à Paris en fin des années 1940 pour y trouver, comme tant d'autres, un travail. 

Papa sur les bords de la Marne, en 1950, avec son chien Loulou. (59)

Il correspond avec ma mère Angèle Le Jossec de Pluméliau, qu'il a connu en Bretagne et fréquenté dans les bals bretons. Il lui demande, dans une lettre expédiée depuis Paris, de l'épouser et l'épouse en 1951. 


 
 

Louis est embauché par les usines nationales Renault de Billancourt, comme ouvrier dans l'atelier de chromage puis petit contre-maître sur une chaîne de montage. Il y restera jusqu'à son départ en pré-retraite à l'âge de 58 ans. 
 
 

Juillet 1955, la famille rassemblée autour de notre première voiture, une 4CV noire construite par mon père ! 



Pendant ce temps, ma mère, Angèle, son épouse, met à profit son métier de couturière en menant des travaux d'aiguille dans de petits ateliers ou à la maison. 

Plus tard, avant un court passage en entreprise comme contrôleuse, elle sera vendeuse dans de petites surfaces commerciales : Prisunic ou Félix Pottin. Elle terminera sa carrière chez Gilbert Jeune, place St Michel, comme responsable du rayon des posters. 
 
 

A force de travail et d'économie les Jaffrédo achètent leurs maisons. 

Ils habiteront tout d'abord, pendant 11 mois, une maison achetée au Pileu (banlieue parisienne), puis s'installeront dans des appartements à Paris. Successivement au 50 Rue Orfila dans le XXème, où je fus vraisemblablement conçu. Puis dans le XVème arrondissement, au 30 Rue Cambronne (60), enfin au 341 rue Lecourbe. Ils renoueront avec leurs racines bretonnes en acquérant un appartement à Carnac Plage en...
 
 

Deux enfants leur sont nés : ma soeur Maryse le 26 janvier 1952 et moi Didier le 24 Août 1954. 
 
 

---------------------------NOTES de BAS de PAGES-------------------------------------

(1) J'ai croisé à Nantes une femme, de la génération de mes parents, qui était une jeune fille Jaffrézo, était d'originaire de Guern et ...avait épousé un Lenoir ! Cette femme connaissait naturellement un grand nombre de Jaffrédo. Son fils faisant des études de généalogie, le parallélisme des existences est étonnant. 
 
 

(2) Mon grand-père maternel m'appelait en riant "Jaffreudeuil", pourquoi ?...
 
 

"Encore une question de prononciation bretonne et de la difficulté de l'écrire en français. En fait on ne devait pas dire Jaffrédo, mais Jaffréde…ue en une seule syllabe. Jaffréde…ue = équivalent de "deux" (en chiffre ?) en français. cf. "l'initiation au breton sans peine" (Assimil) édition de 1979 page 5 note 1. "Daou "deux" se prononce [daoù] en Finistère et [doeï] en Morbihan, avec une seule syllabe" (lettre de Fernand Jaffrédo, le 15/1/2007) 

En lisant cette interprétation de mon grand oncle (= je serai le petit Jaffrédo, le numéro 2) je lui préfère une autre. Mon pépé Le Jossec, très paysan, réprouvait un peu le côté "noblesse affichée" de mon pépé Jaffrédo et transformait mon nom, affectueusement certes mais sans doute avec un peu de dérision, en Jaffrédo de...(comme "Monsieur de" pour qualifier un aristo.) 
 
 

(3) L'évolution est-elle achevée ? Peut-être l'accent sur le "E" disparaîtra-t-il un jour... Je suis pourtant optimiste, un coup d'oeil sur ma carte d'identité m'a montré que l'état français faisait attention à l'accentuation puisque, même en caractères majuscules, JAFFRÉDO était bien repris avec son accent. 
 
 

(4) Didier Jaffrédo, "Journée d'études pourlettes" Kendalc'h (18 novembre 1978) 
 
 

(5) 8 septembre 1977 
 
 

(6) 2 avril 1976 
 
 

(7) 13 septembre 1977. On peut quand même douter d'un accordéoniste au coeur de la Bretagne à cette date lorsqu'on sait que l'accordéon fut inventé en Autriche en 1829 et introduit en France via le port de Marseille en 1872. 
 
 

(8) 13 septembre 1977 
 
 

(9) Confirmé par l'histoire de la musique bretonne. 
 
 

(10) En Melrand selon mon père. 
 
 

(11) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 15 
 
 

(12) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 25 
 
 

(13) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 26 

Ouest-Eclair 12/08/1921 : "Fêtes locales à Guern - Une mention à M. Jaffredo Louis, sonneur de biniou et à son fils Eugène, joueur de bombarde, qui ont entrainé la jeunesse dans de joyeuses danses."
 
 

(14) 13 septembre 1977. (A vérifier) 
 
 

(15) On trouve des références à ma famille à la page 503 de la monumentale Musique bretonne. Histoire des sonneurs de tradition (éd. Le Chasse Marée-ArMen) 

Une autre référence est à signaler dans un chant repris par le CD "Voix de Bretagne, Kanerion Pleuigner". Edition Coop Breizh (2005) réf. 4014560. Voir plus loin "un sonneur et sa descendance". 
 
 

(16) « Effectivement, le dernier organiste en poste à Quelven s'appelait bien Yann Janovet. J'ignore la date de sa prise de fonction mais je sais qu'il a exercé jusqu'au moment où l'instrument est devenu muet : 1895. Il semblerait qu'il résidait à Hennebont...» J.Y. Le Juge , organiste à N.D. de Quelven, le 9 janvier 2004. 
 
 

(17) Les mots soulignés le sont dans sa lettre. 
 
 

(18) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 19 et 21 
 
 

(19) Ah ce goût de la marche dans la famille !.. Evoquons aussi la marche de Eugène Jaffrédo de Baud à Sainte Anne d'Auray en remerciement à Ste Anne pour la naissance de sa fille Isabelle (22 Km) sans parler de ma propre marche de Pontivy à Sainte Anne d'Auray pour remercier Ste Anne de la naissance de Nolwenn (46km). Je n'aurai pas la victoire modeste : c'est moi qui ai le plus kilométré ! 
 
 

(20) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 20 
 
 

(21) A insi sobrement résumé par le cousin de mon père Fernand, in " Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004. tableau en annexe 
 
 

(22) Arthur Le Pen, un photographe très célèbre à son époque dans son pays. Maman ne s'est jamais expliqué la présence de son parrain, puisque, jusqu'à son mariage les deux familles n'étaient pas sensées se connaître. 
 
 

(23) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 26 
 
 

(24) Eugène Jaffrédo 
 
 

(25) Date à laquelle je l'ai rencontré 
 
 

(26) Toute l'anecdote qui suit m'a été contée par Louis de Kerboërs. 
 
 

(27) Pourtant son petit-fils, Yves-Christophe le fils de Fernand (né en 1960), m'a dit avoir l'accordéon de son grand-père. Peut-être est-ce un achat postérieur ? 
 
 

(28) voir sa photo sur l'album de l'anniversaire des 25 ans de mariage. 
 
 

(29) Lucie Le Cam, Louisette Février et Guillette Taldir, furent ses épouses. 
 
 

(30) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 41 et 42 
 
 

(31) Cit. Ferdinand Jaffrédo 8 sept 1977. On note 5 ou 6 accordéonistes du côté de mes grands-oncles et tantes. Jobic était le seul à jouer du chromatique. 
 
 

(32) "Il a habité au bourg de St Barthélémy ensuite à Pont-Augan en Baud, au confluent de l'Evel et du Blavet, enfin à Corn-er-Pont" (lettre de Fernand Jaffrédo, le 15 janvier 2007). 
 
 

(33) "Je me souviens de la construction du four...les fagots à chercher pour chauffer le four et tonton Joseph jouant de l'accordéon aux moments des repas. je l'ai aussi accompagné dans quelques bals, dans les environs, le samedi soir (lettre de Fernand Jaffrédo, le 15 janvier 2007). 
 
 

(34) "Petite Histoire des Jaffrédo", Fernand Jaffrédo 2004 p 51 

Je pense avoir retrouvé la trace de cet incident dans Ouest-Eclair daté du 11/3/1938 "Tribunal correctionnel - Le 16 février dernier, M. Joseph Jaffrédo sonnait de l'accordéon à une noce de Malguénac. Il venait de commencer à sonner une danse demandée par le garçon d'honneur, lorsque M. Pierre Alno, 31 ans, cultivateur à Malguénac, vint lui demander de jouer une autre danse. Et comme l'accordéoniste ne lui donnait pas immédiatement satisfaction, il le traita deux ou trois fois de fainéant, ajoutant même, aux dires de deux témoins "Tu voles ta paye et ta nourriture". Vexé, jaffrédo lui porta des couips de poing et de pied. Défendu par M° Bouché, Jaffrédo est condamné à 16 francs d'amende avec sursis".
 
 

(35) Cabidan = déformation de capitan ? Capitaine, commandant, chef. Evoque assez bien le caractère hidalgo du pépé : très fier de lui et sans doute autoritaire. 

Autre interprétation, celle de mon grand oncle Fernand, une explication qui serait liée à une expression favorite de mon grand père. "C'est une expression du breton morbihannais difficile à traduire. En français ca peut-être, approximativement : "très bien", "exact" ou "parfait". En moins élégant mais plus proche : "impect !" ou même "au poil" (lettre de Fernand Jaffrédo, le 15/1/2007). 

(36) Déçu par la naissance d'une fille il conduira cet enfant, certainement Aimée sa deuxième fille, au bord d'une rivière en mimant le geste de la jeter à l'eau après lui avoir tranché la gorge (!) 
 
 

(37) Il chantait également, comme son frère Louis. La chanson préférée de Jean-Marie était "Femmes que vous êtes jolies!" (source : Ferdinand Jaffrédo le 8 Sept 1977) et Fernand, dans sa "Petite Histoire des Jaffrédo" se souviens encore l'avoir entendu chanter debout, à l'issu d'un repas familial, un air de la guerre de 14-18, intitulé "la mitrailleuse" avec des paroles plutôt osées ! 

En plus de son biniou il jouait très bien de l'accordéon. Il aurait ramené des valses, à son retour de guerre au pays, "et tout le monde aimait çà !" (source : Louis Jaffrédo le 13 sept 1977). 
 
 

(38) Jean-Marie repose dans le cimetière de Saint-Barthélémy 
 
 

(39) Mot souligné dans la lettre 
 
 

(40) "Jean-Marie n'était pas "rouge". Le propriétaire de son moulin l'était, il fut obligé de l'être. Ses frères les plus à gauche étaient Eugène et surtout Ferdinand. Mais pas Jobic qui était de droite" Témoignage de M. Le Goff, ancien menuisier, patron de café à St Barthélémy (20 Sept 1977) 
 
 


 
 

(42) Voir en annexe le récit d'une noce par mon grand-père. 
 
 

(43) Mot souligné dans la lettre 
 
 

(44) Egalement une soeur (mariée à un Vinet ?). Je me souviens très bien de ses enfants que nous avons fréquenté quelques temps. Ils habitaient au Pileu, près de l'ancienne maison de mes parents. En plus de cette soeur (aimée ?) 4 frères lui seraient rattachés : Louis-Marie, né à Guern (1906 - 1970) meunier à Melrand au moment de son mariage avec Tante Fine, avant l'achat du Ruchec, Julien, Joseph et un dernier frère qui serait mort d'un accident. (Source Rozenn Jaffrédo en 2005). 

Leur père, Jean-Mathurin Jaffrédo serait mort avant 1932 (cf le livret de famille remis par Rozenn). Voir l'arbre généalogique en annexe. 
 
 

(45) Où j'ai passé ma nuit comme garçon d'honneur en 1961 ! 
 
 

(46) Rozenn Jaffrédo, petite fille de Louis, courriel du 11 janvier 2005. 
 
 

(47) Je pense à sa grand-mère et Sylvie penche pour sa mère. 
 
 

(48) « Maisons et Décors , Bretagne / Pays de Loire » Juin 1978 
 
 

(49) Un quatrième (l'aîné) décéda dans son sommeil (décès précoce du nourrisson vraisemblablement) 
 
 

(50) Jacky renoue avec la tradition d'artistes de la famille en se tournant, lui, vers la peinture. 
 
 

(51) Peut-être bien coupées avec ces couteaux de boucher qu'il réalisa en tronçonnant le sabre que son père avait rapporté de la Grande Guerre ! 
 
 

(52) Le premier il perçut l'importance de créer une "boîte de nuit" pour la génération des "trente glorieuses". Il leur créa une énorme discothèque "le podium 2000" qui contribuera à l'enrichissement de toute sa descendance. 
 
 

(53) Un autre nom me revient en mémoire. Celui du moulin de Tallené sur le ruisseau du même nom, qui se jette dans le Blavet près de Quistinic
 
 

(54) Mon père a quitté Melrand en 1932, à l'âge de 5 ans. Il a un vague souvenir d'être allé chez ses grands-parents à Guern avant de venir à St Barthélémy. 
 
 

(55) Ma mère m'a dit s'y être rendu en 1991, et il n'y avait déjà plus que des ruines. Je m'y suis rendu également avec Sylvie, un peu plus tôt, jeunes mariés, mais sans carte précise n'avait rien trouvé. M. Le Goff, patron du café de St Barthélémy, ancien menuisier, m'a dit en 1977, que le moulin comportait 2 roues. Une grande pour le blé et le seigle, une petite pour le sarrasin et le millet. L'étang faisait un hectare. Je ne me souviens plus qui m'a dit (mon père ?) que le moulin avait 3 roues (1 de chaque côté + 1 dessous !)...En tous cas ce devait être un grand moulin pour avoir plus d'une roue...
 
 

(56) La coquine, la dégourdie. 
 
 

(57) Hélène, ancienne danseuse, habitait près de chez nous à Paris rue de Lourmel, avant de repartir, après la mort de son mari, Robert Savouret, terminer son existence au moulin de Korn Ar Pont au côté de tante Fine. Elle est enterrée à Guern. 
 
 

(58) Cette faim qui le faisait pêcher des grenouilles dans l'étang du moulin, chaparder des pommes dans le jardin du curé ou protéger le beurre du vol du chat ! 
 
 

(59) Ce chien a sauvé la vie de mes parents et somme toute ma vie. Il avait l'habitude de dormir dans le lit de mes parents et avait sentit une fuite gaz. Ses gémissements et son comportement inhabituels avaient alerté mes parents qui se réveillèrent à temps. 
 
 

(60) Maison démolie en...après avoir été frappée d'alignement pour élargir la rue. 
 
 

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